S'il y a un mot pour décrire Leila, ce serait espiègle. Elle fait ce dont elle a envie, quand elle en a envie, et ne prend pas du tout en considération les commérages des autres. Par exemple, il lui est déjà arrivé une fois de se réveiller en pleine nuit avec une furieuse envie de goûter les muffins au chocolat de la nouvelle boulangerie. A une heure du matin, sans flemmardise aucune, la brunette s'est levée de son lit, a mis son peignoir orange et ses pantoufles grenouille, et est allée toquer chez le boulanger pour le prier de lui en vendre un. Le mieux dans l'histoire, c'est qu'elle n'a lâché l'affaire que lorsque le pauvre homme lui a promis, désespéré et baillant à s'en décrocher la mâchoire, qu'il lui en offrirait cinq si elle le laissait dormir ! Leila l'avait remercié poliment et était retournée se coucher avec tout le naturel du monde... Hum... Oui, elle est gourmande aussi, et raffole de chocolat !

Très sociable, elle adore par dessus tout se faire de nouveaux amis, et va souvent elle-même à la rencontre des autres. Serviable et toujours là pour eux, la brunette a même plusieurs fois joué les entremetteuses pour le bonheur des personnes qu'elle connaît. Seulement, lorsqu'elle est excitée, ce qui est souvent le cas, elle parle vraiment beaucoup... De tout et n'importe quoi, sans arrêt, parfois sans attendre de réponse, mais elle n'aime pas rapporter les secrets des autres qu'elle protège de toute sa volonté ! Enfin... Malgré cette noble résolution, il lui arrive parfois de laisser échapper quelque chose qu'elle n'est pas censée dévoiler... Et le regrette tout de suite après ! Généralement, elle invente des mensonges farfelus pour masquer son erreur, mais au final, ne fait-elle pas qu'aggraver son cas ?

Miss McCry est curieuse. Et pas qu'un peu... Bon, à vrai dire on la qualifie de fouineuse, mais c'est parce qu'elle veut pouvoir aider tout le monde ! Ou parce qu'on ne lui a jamais appris que la curiosité était un vilain défaut... Détective dans l'âme - ou journaliste, comme on veut - Leila ne lâche une affaire qui l'intéresse que lorsqu'elle a eu des réponses satisfaisantes à ses questions. Pour ne pas trop importuner son entourage, elle sait cependant être patiente et attendre son moment pour avoir l'info qu'elle veut, mais pas de commérage, elle déteste ça ! C'est pour son plaisir personnel, pour se dire que les mystères dans lesquels elle vit ne sont pas si inaccessibles que cela, même si elle sait qu'il lui reste un bon tas de choses à découvrir, à son plus grand plaisir !

La brunette est également infatigable. Une vraie pile lorsqu'elle est enthousiaste, elle peut courir et sauter toute la journée d'un bout à l'autre de Nakunaru et garder de la force pour une soirée pyjamas ! Souriante et pleine de vie, débordante d'énergie, elle en fait sourire plus d'un, et en exaspère beaucoup d'autres. Nume seule a le don de la faire tenir en place d'un seul regard noir, ou quelques phrases menaçantes... Domptée, Leila ? Nooooon....

Leila a un visage rond, encore un peu enfantin et de grand yeux pétillants de malice, presque de la même couleur que ses cheveux châtain foncé qu'elle aime porter mi-longs, seulement ornés d'une frange simple. Coquette, elle aime les attacher en deux petites nattes ou deux couettes et peut ajouter des rubans de la couleur correspondant à son humeur : Les tons de rouge pour excitée ou en colère, les tons de bleu pour rêveuse ou mélancolique, les jaunes ou les oranges pour joyeuse, gris pour triste... Elle en a d'ailleurs un de chaque couleur dans sa sacoche ; on ne sait jamais ce qui peut arriver pendant la journée !

Leila n'aime pas sa taille. Légèrement petite, et assez frêle, elle trouve son apparence trop banale. La brune ne porte pourtant pas de talons, et leur préfère des chaussures dans lesquelles elle peut gambader comme elle veut, si l'envie l'en prend !

La jeune McCry ne prend pas vraiment le temps de choisir ses vêtements, et elle n'en tient pas vraiment compte. Comme elle est très souvent en retard, il n'est pas rare de la voir arriver avec une tunique rose et un pantalon orange, ou encore une chemise classique et une jupe aux tendance gothiques... Elle a de tout dans son armoire, et Nume passe des heures à essayer de lui montrer comment marier telle veste avec telle tenue, telles chaussures avec tel pantalon, en espérant ne plus avoir mal aux yeux chaque matin... Seulement, c'est sans compter l'attitude totalement indifférente de Leila qui, tout en faisant semblant de l'écouter pour ne pas s'attirer ses foudres légendaires, rêve à autre chose, prenant soin de hocher la tête régulièrement pour ne pas se faire choper !

Pour unique accessoire -enfin si les rubans ne comptent pas-, la McCry porte toujours, noué à son poignet gauche, une petite plaque en or dans laquelle a été vidée une forme en coeur, attachée des deux côtés par un petit cordon prune.

A son plus grand malheur, Leila a toujours vécu à Nakunaru. Ses parents sont des porteurs de pouvoirs, et se sont connus et mariés au sein même de ce coin magique du monde. Leur fille ne connait donc le monde extérieur qu'à travers leurs récits, ou dans les livres qu'elle feuillette avec avidité à chaque fois qu'elle en a l'occasion. Elle sait qu'elle a de la chance de vivre avec ses parents, et a conscience que beaucoup de personnes ont été séparés de leurs familles en étant amenés ici, mais elle ne peut s'empêcher de les envier d'avoir connu, même pendant un court moment, ce qui se passe au delà des frontières du seul univers qu'elle a le droit de connaître.

Papa et Maman McCry ont eu leur petite fille une nuit d'été, dix-sept ans auparavant. Maman raconte que cette nuit-là, les étoiles étaient plus magnifiques que jamais et la lune brillait plus intensément encore que d'habitude, et c'est devant ce superbe spectacle que Papa décida de l'appeler Leila, en souvenir de la plus belle nuit de sa vie, pour reprendre ses mots. Malheureusement pour son bonheur, le bébé avait déjà développé son pouvoir dès le deuxième mois, et il dût s'armer d'un chiffon pour aider sa femme à nettoyer les tâches d'éclaboussure qu'ont tendance à laisser les bulles de soupe ou de lait en éclatant, et ce jusqu'à ce que la petite apprenne à contrôler son don un minimum...

Énergique dès ses trois ans, la petite brune sautillait déjà partout en posant plein de questions sur tout et n'importe quoi. Papa et Maman ont dû se cultiver sérieusement pendant cette période, et faire preuve d'imagination... Et de sang froid...

Lorsqu'elle a appris que Nakunaru était à l'intérieur d'un univers beaucoup plus grand que ce qu'elle pouvait voir, Leila n'eut plus qu'un rêve : Faire le tour du monde. Elle essaya plusieurs fois, à l'âge de dix à douze ans, de fuguer, en s'attaquant aux frontières à grand coup de boule de neige disproportionnées, en essayant d'entrer dans des bulles de sa création, en essayant de faire voler le grand paon des voisins avec elle sur son dos... Mais ces tentatives furent toutes soldées par de lamentables échecs, saupoudrés de noyades en pleine avalanche de substance poudreuse, de douches colorées lors de la traîtrise de ses engins sphériques, ou d'égratignures dues aux coups d'états de volatiles écrasés sous le poids d'une rebelle un peu trop imaginative...

En grandissant, la brunette n'a rien perdu de son enthousiasme et de sa soif de nouveau. Elle est plus raisonnable en ce qui concerne ses moyens d'évasion, mais c'est parce qu'elle a fini par étudier la question. Mathématiquement -hum-, la méthode qui a le plus de chances de réussir était celle de la bulle... Mais bon, depuis le temps, Leila a fini par se résigner un peu, sans pour autant que cela déteigne sur sa bonne humeur. Après tout, même si elle se sentait un peu prisonnière, à Nakunaru, elle était chez elle...