Bien qu'il ait toujours représenté la joie de vivre, « l'incident » l'a complètement transformé. Il est devenu associable, il ne voulait parler avec personne, de peur de s'attacher à quelqu'un et de perdre cette personne, une fois de plus. Il avait déjà du tout abandonné en venant à Nakunaru. Tout ce qu'il voyait en cet endroit, c'était une cage dorée. Ils avaient tout ce qu'on pouvait désiré, ils étaient protégés du monde extérieur, mais justement, Blue ne le voyait pas de la même manière. Il voulait sortir, découvrir le monde, mais cela lui était interdit. Il se demandait si Nakunaru n'était pas plutôt fait pour protéger les gens normaux des monstres comme lui. Cette académie était pour lui ce qu'étaient ses gants de fer pour ses mains, une chaîne.

Il agissait comme quelqu'un qui n'avait besoin de personne, mais en réalité, il lui fallait de la compassion. Chaque jour, sa solitude le consumait, de la même manière que faisait ses mains sur tout autre objet. Il devait trouver quelqu'un à qui tout raconter, lâcher le poids qu'il avait sur le cœur depuis plus d'un an, un confident. Mais qui ? Blue ne voulait plus faire souffrir qui que ce soit, tant pis ça devait être lui. Il n'avait plus vu l'homme en noir depuis son arrivée, si au moins il pouvait vider son sac à cet homme. Il n'avait aucune idée de qui il pouvait bien être, mais c'était le seul à savoir son crime, s'il ne l'avait pas raconté à qui que ce soit. De toutes manières, vu son pouvoir et sa protection, pas mal de gens devaient se douter que c'était un accident qui aurait pu arriver. D'ailleurs s'il ne voulait personne auprès de lui, personne ne choisissait de l'approcher non plus.

La plupart des gens de Nakunaru savaient utiliser leur pouvoir et en étaient très contents. Lui ne pouvait que détester sa situation. Si au moins, il pouvait s'en servir quand lui seul le désirait, mais non, quoi qu'il arrivait, tout ce qui entrait en contact avec sa main finirait par se détruire. Il disait toujours « Ce n'est pas un don, c'est une malédiction. »


Quelle était cette étrange silhouette aux appendices plus qu'inhabituels ? Il s'agissait d'un jeune garçon d'environ un mètre soixante-quinze, il n'était pas très grand, mais pas minuscule non plus, c'était acceptable. Il était plutôt fin de morphologie naturelle, mais des muscles rebondis se traçaient sur ses bras et ses jambes, puisque jusqu'au fameux incident, il passait sa vie à jouer au rugby et à faire de la musculation, de vraies passions pour lui. La couleur de ses pupilles était rouge sombre, ce qui était très rare. Ses cheveux étaient noirs de jais, assez longs, puisqu'ils lui arrivaient jusqu'au bas de la nuque, mais toujours en bataille, jamais il ne se coiffait, il ne prêtait pas attention à son image.

Cela se voyait par sa tenue habituelle, il ne savait pas s'habiller. Il portait toujours les mêmes vêtements de son enfance, que sa mère lui avait cousu. Un marcel bleu clair aux bords dorés, qui pourtant possédait un gros col rayé lui couvrant la nuque. Le symbole qu'il y avait sur le torse était sensé rappeler une explosion, mais la mère avait juste réussi à faire une sorte d'étoile jaune entourée de rouge. Il portait un court short marron-violet, couverts de traits noirs faisant un peu penser aux pattes d'une araignée, vu la forme. Par dessus le short se trouvait un énorme ceinturon noir, qui s'attachait par une boucle dorée. Ses chaussettes étaient jaunes, et bien remontée, façon petit écolier. Ses chaussures était bleus à l'arrière, et dorées sur le devant. Le jaune et le bleu était séparés par un trait blanc. Aucun lacet ou scratch, il s'agissait de chaussure moulantes. Il portait à son bras gauche deux fins bracelets noirs, et en dessous de son épaule droite, un morceau de tissu noir qui lui entourait le bras. Son pouvoir le forçait à porter des gants de fer bleus gris, ornées de bandes noir et de mini-sphère dorées.

Son bien le plus précieux était ce qu'il portait sur la tête, un bonnet plutôt original. En effet, pour commencer, il était assorti à son t-shirt, à savoir bleu rayé, mais de plus, on pouvait voir en son milieu une note de musique noire, entourée d'une auréole dorée. Mais ce n'était pas le plus bizarre. Sur ce bonnet était accroché des grandes ailes d'oiseau, un peu comme ce qu'il y avait sur les casques des anciens guerriers celtes.
On pouvait donc conclure que le style de Blue était assez unique.



Le nom de Blue avait décidé le jour de sa naissance. En effet, lorsqu'il sortit du ventre de sa mère, il était resté coincé tellement longtemps qu'il était tout violet en sortant, presque bleu. Il avait eu de la chance, et ses parents décidèrent de l'appeler ainsi pour toujours se rappeler de ce jour. D'ailleurs, assorti à son nom, il portait toujours au moins un vêtement bleu. Son enfance fut plutôt heureuse, fils unique, avec des parents aimants, des amis fidèles, des loisirs, il avait tout pour avoir une vie de bonheur. Mais c'était sans compter sur « l'incident ».

Vers ses 14 ans, en rentrant du collège, Blue tomba sur le trottoir. Il se rattrapa avec les mains, évidemment. Le béton se mit à fondre rapidement. Non, il ne fondait pas, il disparaissait miette par miette, aussi facilement qu'une feuille de papier qui prenait feu. Le jeune garçon prit peur à cette vue, et retira ses mains. La désagrégation ne s'arrêta que plusieurs secondes après, sous les yeux horrifiés de Blue. Qu'avait-il bien pu se passer ? Pourquoi le trottoir s'était désintégré à son contact ? Il ne comprenait pas. Il se releva en en s'appuyant sur un lampadaire juste à côté, puis une fois debout, il s'essuya les mains sur son pantalon. Cette fois c'était son pantalon qui se mit à se consummer. Blue terrorisé croyait prenait feu, alors il se roula par terre. Il n'avait plus de pantalon, il se retrouvait en caleçon au milieu de la rue. Il ne comprenait rien, mais il avait très honte, et les larmes lui montaient aux yeux. Il courut donc chez lui en espérant ne croiser personne. Il attrape la poignée métallique en fer de la maison et fonça vers le salon où sa mère travaillait sur son ordinateur.

« -Oh, tu es rentré Blue... Mais... tu es en larmes ? Que fais-tu sans ton pantalon ?

-Il s'est désintégré ! Comme le trottoir !

-Qu'est-ce tu racontes encore comme bêtises... Oh ! Si tu t'es fait agressé par des voyous, dis-le moi !

-Mais non je te dis ! Il s'est désintégré !

-Mais enfin, Blue, les pantalons ne se désintègrent pas. »

Elle s'approcha de son fils pour lui sécher ses larmes. Par pur réflexe, l'adolescent mis sa main sur celle de sa mère... qui à son tour se mit à se désagréger. La maman hurla de douleur, voyant sa main cramer, quant-à son fils, il était à nouveau complètement apeuré. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Pourquoi tout d'un coup, tout ce qu'il y avait autour de lui donnaient l'impression d'être consumé par le feu ? La désagrégation qui avait commencé sur la main de sa mère se propagea dans tout son corps, et Blue ne pouvait que regarder les larmes coulant à flot la disparition enfumée de sa pauvre mère. Il ne restait plus que ses vêtements, ses bagues et son collier en or gisant sur le sol.

« -Elle... elle est... non... »

Puis son père entra dans la salle. Il venait de rentrer du bureau, et il voyait son fils en pleurs dans le salon, tout seul, entouré par de la fumée.

« -Mais... que t'arrive-t-il Blue ? Où est maman ?

-Elle est... morte.

-Quoi ?! »

L'homme ne comprenait pas, mais vu l'état de son fils, ce n'était pas un mensonge. Encore sous le choc, il choisit de s'agenouiller à côté de son fils par terre et de le prendre dans ses bras. Les mains de Blue touchèrent donc son dos. La veste, puis la chemise, puis le dos lui-même entamèrent leur désintégration. Ce fut au tour du père de disparaître dans un feu invisible en criant, dans les bras de son fils. Un nouveau choc. Cette fois il s'agissait de son père qui disparaissait sous ses yeux. Non, impossible, tout cela n'était qu'un mauvais rêve. Il se mit à hurler en pleurant pendant plusieurs minutes, après tout, les personnes qu'il aimait le plus sont mortes devant lui sans aucune raison logique.

Soudain, il entendit frapper à la porte d'entrée. Que devait-il faire ? Raconter ce qui venait de se passer ? Il ne savait pas, mais il devait aller ouvrir. Il essuya ses larmes, qui reprirent de plus belle. Tant pis. Il ouvrit la porte et ce fut un grand homme tout en noir qu'il rencontra. Il tendait des gantelets de fer.

« -Met ça.

-Que... Mais p-pourquoi ?

-Hmm... Pour faire simple, tu n'es pas un adolescent normal. Il existe une poignée de personne dans le monde qui possède un don particulier. Le tien, semblerait-il, est de détruire tout ce que tu touches de tes mains, sauf les métaux d'après ce que j'ai pu observer.

-Ce... C'était m-moi ? »

Blue venait de se rendre compte d'une chose terrible. Il, lui et lui seul, avait tué ses parents, comme ça, d'une manière effrayante. Non, il ne pouvait pas... Il hurla les mots « papa » et « maman » de toute sa voix. L'homme noir prit peur que quelqu'un l'entende.

« -Du calme ! Tu as touché tes parents ? Merde, j'arrive trop tard. Ecoute, on a pas beaucoup de temps. Je dois t'emmener à Nakunaru, mets ces gants !

-Na... Naku-quoi ?

-Un endroit où les gens spéciaux comme toi sont cachés aux yeux du monde, afin de vous protéger. »

Blue mit les gants gris métalliques. Que devait-il faire ? Suivre cet inconnu ou rester ici ? Il avait peur. Il avait tué ses parents involontairement, mais, il ne voulait pas aller en prison, ou pire encore. Il prenait trop de temps à réfléchir. L'homme en noir l'assomma.

L'adolescent se réveilla le lendemain matin. Un rêve ? Non, il regarda ses mains, elles portaient les gants qu'on lui avait donné. Il se trouvait dans une chambre inconnue, toutes ses affaires s'y trouvaient. Il regarda à travers la fenêtre et vit une ville remplie de monde. Était-ce Nakunaru ? Il allait devoir vivre ici... perpétuellement ?


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