Quelque fois les décisions que l'on prend paraissent tellement loufoques que l'on demande si c'est bien même qui l'avons choisis. En clapotant nerveusement son portable vert pomme, Kei ne comprit toujours pas pourquoi il avait accepté de guider une parfaite inconnue dans le labyrinthe que formait cette école. Il avait beau retourné mille fois la question dans sa tête d'enfant, mais rien à faire, il ne voyait pas l'amusement que cette rencontre pourrait engendrer un quelconque amusement, sauf si cette Pink se révèlerait être un hippopotame en tutu rose . C'est toujours hilarant ce genre de vision. Mais pourquoi avait-il eu pitié de cette personne? Il aurait pu simplement passer sa soirée à créer la un asile en papier plutôt que d'escorter une demoiselle égarée. En plus c'était une fille ! Que voulez-vous qu'il fasse avec de pareils êtres ? Il avait été préparer à tout sorte de situation afin de prendre la place de son frère, comme les attaques d'alligators, mais bien sûr ils avaient oublié de parler de la moitié de la population qui peuplait cette planète. Ils n'avaient pas pensé qu'ils allaient un jour les côtoyer avant que l'ainé revienne de ces expéditions et que le cadet développerait un pouvoir aussi précieux que le diamant pour le gouvernement. Certes, Kei était un pro de l'improvisation, mais il aurait tout de même voulu éviter cette torture. Mais une parole était une parole, même pour un garnement …

Sur le chemin du bâtiment principale, une brise vint lui décoiffer le peu d'ordre qui régnait dans ses mèches folles, le laissant échapper une insulte à messe basse. Il n'avait jamais aimé le vent, pour deux raisons tout à fait différentes. La première, c'était le signe d'un changement de temps et donc de la pluie. Dieu sait comment il détestait ce liquide translucide qui détruisait tout l'aspect magique de ses œuvres. De plus, l'eau lui rappelait ces affreuses quarante-huit heures après la disparition de son jumeau. Les cris de son père, les pleurs de cette chose qui lui servait de génitrice, mais surtout se vide sans fin qu'avait laissé en s'en allant. C'était bien les pires deux jours de son existence, mais il tenait encore debout, c'était déjà ça. Enfin il arriva au dernier tournant, mais il hésita à faire un pas de plus. Il pouvait encore faire marche arrière, prétexter n'importe quoi pour éviter cette corvée. Pourtant ce n'était pas la curiosité qui lui manquait, mais l'inconnu était effrayant surtout quand on savait parfaite que cette fois il ne saurait pas s'il faisait bien à la manière de Keiji ou non. Cette personne ne se rendrait surement pas compte de l'erreur, mais lui, c'était une autre histoire. Il serra et poing et convaincu, s'avança dans l'allée de gauche. Son frère n'était pas digne de se dégonfler au dernier moment, il le savait bien et c'était pour cela que lui non plus il ne pouvait pas se permettre cela !

Maintenant qu'il était dans la dernière ligne droite, son cœur battait en chamade, pas assez pour faire fléchir sa conviction. La chaleur cependant l'obligea à se débarrasser de sa chemise d'uniforme qu'il n'avait pas songé à enlever à son retour dans sa chambre. Maintenant qu'il était en vert, le malaise disparu presque de son âme. Cependant il avouait volontiers que porter un tee-shirt kaki en dessous de la tenue obligatoire de l'établissement pouvait être ridicule, mais sans ça, le changement à la ninja était impossible. Et tout le monde savait que les ninjas, c'était classe. En zyeutant son portable, il remarqua qu'il était en retard, mais il n'accélérait pas le pas, surtout pas quelques minutes, surtout qu'il voyait déjà sa correspondante près du lieu de rendez-vous. Elle correspondait bien à l'archétype même de la blonde sans cervelle. Cette pensée lui fit bien sourire, au moins elle pourrait être une victime de choix pour ces farces. Mais maintenant qu'il était à une dizaine de mètre d'elle, quelque chose l'interpella. Ne venait pas d'insulter l'oiseau qui tournait autour d'elle. A cet instant le peu de sérieux qu'avait cet adolescent de treize ans parti en fumée et il éclata de rire, se moquant de cette scène quelque peu singulière. Blanche Neige qui insultait ses amis les bêtes, cela valait quand même le détour! Entre deux rires, il parvint à articuler:

«  Tu détruis le mythe Pink ! Mais au moins c'est une bonne nouvelle ! Je croyais que j'allais faire la visite à une idiote fini, mais tu sembles avoir de la personnalité Blanche-Neige »

Même devant une blondinette qui devait bien avoir dix centimètres de plus que lui, Kei n'avait pas vraiment peur qu'on l'agresse. Au pire, la fuite était son domaine de prédilection et il avait confiance en ses capacités de course . Sous le ciel couchant, son rires faisaient échos dans les nuages. Peut-être que cette ballade ne serait pas si ennuyante que ça finalement ...