I'm not lucky ▬ Hailey Samuels

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La malchance peut parfois porter chance ♪

Qui aurait cru que ma poisse éternelle aurait pu m'amener à rencontrer des gens que j'allais apprendre à connaître, à admirer ou à haïr ? Qui pourrait penser qu'un surplus de catastrophes peut mener à quelque chose de bien ? Qui imaginerait qu'à force de rester dans l'ombre, on trouve la lumière plus facilement ? Mais pour comprendre ce qui m'amène à me demander ça, il faut revenir en arrière, remonter le temps et tout observer, en détail. Chaque seconde passée. Chaque instant écoulé peut être un indice. Observez les faits, et déduisez-en quelque chose. Tirez vos conclusions. Quoi qu'il en soit, lisez ce que j'ai à écrire. Car c'est peut-être le départ d'une grande histoire d'amitié. Ou, qui sait, le début d'un déluge sans fin, la guerre la plus dévastatrice entre deux personnes n'ayant encore jamais existé jusqu'à présent.
Cette journée n'avait pas commencé normalement. Je m'étais levée en retard, parce que mon réveil n'avait pas sonné. Et il n'avait pas sonné non pas parce que j'avais oublié de le régler, mais parce que les piles décidèrent de mourir pendant la nuit. Toujours est-il que je fus obligée de me lever en sautant de mon lit, manquant de très peu de me ramasser par terre comme il se doit. De façon spectaculaire. Je me lavai en hâte, surtout que je n'avais pas le temps d'attendre que l'eau devienne chaude. Alors j'ai dû me laver à l'eau froide. Je voulais courir pour me dépêcher tandis que mes pieds étaient encore mouillés, alors j'ai fait ce qui se fait quand on ne fait pas attention. Je me suis étalée au sol. Mes coudes et mes fesses me faisaient mal, mais je me forçai à me relever pour aller en cours. Je me brossai rapidement les cheveux et ne mis que deux traits fins de crayon noir sous les yeux. Comme si ma chute n'avait pas suffi, il n'y avait plus rien à manger dans le placard, alors je bus juste quelques gorgées de lait à la bouteille. Bouteille que je lâchai involontairement, je ne sais pour quelle raison. Le liquide blanc s'étala bien lui aussi, sauf que ce fut sur mon t-shirt tout neuf. LA POISSE. Je me changeai aussi vite que je le pus, fermai la porte derrière moi après avoir pris mon sac de cours et me dirigeai en courant vers les salles de cours. Quand j'entrai toute essoufflée dans la salle du cours de maths, je m'excusai auprès professeur et allai m'asseoir à ma place ... où était collé un énorme chewing-gum. Je dus le décoller avec me ciseaux et poser une feuille dessus avant de m'asseoir pour enfin commencer à travailler. Quand j'ouvris mon sac, je me rendis compte que je n'avais pas mis les cours d'aujourd'hui mais que j'avais laissé mes affaires de la veille. Je fis donc mine de sortir mon cahier de mathématiques, qui était en réalité celui d'histoire. Je dus berner les profs pendant toute la matinée, et comme je n'avais rien mangé au petit-déjeuner, je n'arrivais pas à me concentrer pleinement sur mes exercices. Alors je me retournais, je parlais avec mes voisins, si bien que j'eus une rédaction à rendre pour la fin de la semaine, en chimie. A la cantine, une grosse goutte de sauce des raviolis vint colorer mon haut pâle, et la journée continua de se dérouler ainsi. De catastrophe en catastrophe. Si ça continuait comme ça, j'allais mourir. Le soir, après les cours, je décidai d'aller dans une des salles d'entraînement, pour pouvoir me concentrer sur mon don. Mais c'était risqué, vu tout ce qui s'était passé durant la journée. Je fis demi-tour une fois arrivée devant la porte de la salle. Non, je ne tenais pas spécialement à tuer quelqu'un. J'allais donc ressortir de l'académie en passant par le hall quand je renversai une fille sur mon passage. Mes cours en désordre jusque là bien coincés entre mes bras se répandirent au sol en une volée de feuilles gribouillées et désordonnées. Là, c'en fut trop. Mon visage se transforma en une expression atroce, qui voulait à moitié dire "Je vais t'étriper" à la fille qui se tenait devant moi et qui ne m'avait pourtant rien fait, et "Qu’ai-je fait pour mériter ça ?!". Je restai quelques secondes comme ça, pensant sérieusement à mettre fin à mes jours si quelqu'un ne le faisait pas avant ce soir. Puis, je fermai les yeux, inspirai profondément pour la dix ou douzième fois de la journée et dis à voix haute.

No stress, Miko. Reste caaalme.

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Et si tu me portais bonheur ?

Hailey avait passé une journée calme, comme toujours. Elle avait sagement suivi ses cours, discuter avec ses amis, puis, comme à son habitude, après avoir mangé en compagnie de tout le monde à la cafétéria, elle était sortie travailler dans la cour du bahut. Elle aimait aller réviser adosser à un arbre, seule, éclairer par sa petite lampe de poche coincée sur son oreille. Puis une fois que le couvre-feu approchait, elle regagnait de son petit pas tranquille sa chambre et allait se coucher, non sans prendre une douche avant, bien entendu.
Depuis son arrivée à l'académie, elle pataugeait dans une petite routine dont elle aurait bien aimé se défaire. Mais, comme dans son ancienne vie, elle fréquentait des gens qui ne dérogeaient pas les règles et pour qui une vie palpitante se résumait à lire un bon livre et une bonne journée à un exercice de math très compliquer à résoudre finalement réussit. Elle aurait aimé faire plus, sortir de son petit monde et tenter des expériences plus dangereuses, mais elle était bien trop timide et peureuse pour cela. Alors, elle se contentait de suivre son quotidien, en espérant secrètement qu'il veuille bien changer de lui-même et en satisfaisant sa curiosité débordante. Elle se doutait bien que, si elle n'agissait pas, rien ne lui tomberait dessus, mais elle pouvait encore voyager dans les souvenirs des gens et vivre ce qu'ils avaient vécu.

Elle en savait tellement sur les élèves de Nakunaru qu'elle aurait pu tenir le journal de l'académie, chose qui aurait été compromettant pour pas mal d'étudiants, voire même pour certains professeurs. D'une nature plus que curieuse, il lui était presque impossible de résister à l'envie de sonder l'esprit des gens. Une envie totalement irrépressible. Insoutenable. Aujourd'hui encore, sans s'en rendre compte, elle s'était vue se plonger dans les souvenirs d'une fille qui mangeait tranquillement à la cafétéria, non loin d'elle. Elle ne maîtrisait pas encore assez son pouvoir pour le maîtriser, ainsi quand elle souhaitait vraiment apercevoir des souvenirs elle n'arrivait pas à y entrer et quand elle était juste plongée dans ses pensées, d'autres surgissaient sans qu'elle l'ait souhaité. Elle n'y pouvait rien et cela ne la déstabilisait plus autant qu'avant. C'était son don. Tout le monde ici en était doté d'un. Elle n'était pas un monstre, même pas une personne à part. Du moins pas à l'académie.

Seulement parfois, elle regrettait de ne pas avoir su contrôler son don ou son envie. Elle avait accès à des passés parfois heureux, parfois tellement douloureux qu'elle en sortait en pleurant ou en hurlant. Des choses tellement horribles et indiscrètes qu'elle ne pouvait regarder les personnes concernées sans avoir de la peine pour eux et sans repenser à ce qu'elle avait vu. Des choses qu'elle aurait parfois préférés ne pas savoir.
Complètement plonger dans ses pensées, Hailey ne regardait pas où elle allait, tandis qu'elle traversait le hall. Habituée à ne jamais rencontrer personne à cette heure, elle avançait tranquillement et ne faisait pas attention. Jusqu'à ce qu'elle percute quelque chose de dur, ses affaires lui échappant et glissant sur le sol. Elle perdit l'équilibre à cause du choc et, en éternelle maladroite se retrouva par terre. Abasourdis pendant quelques minutes, elle se releva finalement et vit une jeune fille qui la toisait avec un regard mauvais. Gênée, le rouge lui montant aux joues, Hailey cherchait un moyen de s'excuser tout en ramassant prestement ses affaires. L'autre jeune fille s'exprima alors :

« No stress, Miko. Reste caaalme. »
« Je suis désolée » minauda Hailey. « Je regardais pas où j'allais.. Je.. Pardon …»

La jeune fille bredouillait des excuses quasi intelligible, alors qu'elle n'était même pas sûre que l'autre prêtait attention à elle. Ce n'était pas vraiment sa faute. Après tout, la fille non plus ne regardait pas où elle allait, non ? Alors, pas la peine de la regarder comme si elle allait l'étriper d'un instant à l'autre... Si ?