Aujourd'hui, j'avais décidé de geeker comme jamais je ne l'avais fait auparavant. Je m'étais décidée à essayer de battre mon record, qui n'étais pas très élevé d'ailleurs. J'avais aussi prévu de zieuter les pros en regardant leurs techniques par dessus leurs épaules, quand ils seraient trop absorbés par leur jeu. Je ne tenais pas spécialement à devenir dépendante aux jeux vidéos, mais une fois de temps à autre ne pouvait pas faire de mal. Ça m'aidait à me défouler. Ça me faisait du bien. Bon, c'était une grosse perte d'argent, mais c'était bénéfique à ma croissance, dirons-nous. C'était vital. Et puis, je regagnerais surement de l'argent. De temps à autres, rarement, j'arrivais à me faire payer quelques parties par des mecs lourds et sans intérêts. Je prenais les parties et j'envoyais bouler les gars. C'était cruel de ma part. Mais dans la vie, il faut savoir se débrouiller. Et généralement, on agis tous dans notre propre intérêt. C’est pourquoi je n'éprouvais jamais de remords quand je dégageais les garçons. Bref. J'avais fini de manger. Je me posai devant la télé, histoire de voir les animés qui passaient. Après, je pourrais partir à la salle d'arcades. Il n'y avait rien de bien, ce qui me désola un peu. Pas d'animés. Tant pis. Je pris mon porte-monnaie et sortis. Il fallait que je le planque. Il y avait pas mal de voleurs là bas, même si la sécurité essayait de les démasquer. Mais on ne peut pas tout voir. Je mis donc mon butin bien planqué dans ma chaussette. J'avais mis cette paire exprès parce qu’elle était haute et que donc, je pouvais y cacher mon argent. Futée, n'est-ce pas ? Non. En fait, c'était juste parce que j'avais pris l'habitude de le faire.
Une fois devant la porte d'entrée, je pris une grande inspiration et me promis psychologiquement que j'allais réussir à battre mon record perso. Une fois entrée, j'avais l'impression d'être dans un autre monde. Je fis le tour de la salle, comme si j'y étais venue pour la première fois. Je regardais ce que les autres faisaient. Je les jugeais. Je regardais surtout comment ils géraient leur jeu et les têtes qu'ils faisaient. Certains tiraient la langue, d'autres avaient les yeux grands ouverts. D'autres encore donnaient l'air d'être vachement vexés, alors qu'ils ne faisaient que se concentrer. Je ris à cause de tout ça. Quelques-uns faisaient peur. Ensuite, comme d'habitude, je me mis en quête de trouver un bon jeu. Cible vérouillée. Je voulais jouer à tuer des gens. Flingues. C'était toujours par ça que je commençais. Je pris le flingue bleu et insérai une pièce dans la fente prévue à cet effet. Un gars d'environ mon âge me regarda, presque avec imploration. Je lui fis comprendre que je jouais en solo. Le jeu démarra et je m'immergeai totalement dans le jeu. Je flinguai tout ce qui pouvais être flinguable. Les zombies mutants s'éparpillèrent sous les coups de feu virtuels. Le jeu me faisait du bien. Je pouvais me défouler. C'était comme une récréation après douze heures de cours. Autrement dit : la liberté absolue. Je compris que ma partie allait se terminer quand je fus submergée par les zombies. Il y en avait trop. Je devais survivre. Et puis, le classique GAME OVER s'afficha sur l'écran. Evaluation personnelle. Ce n'étais pas mon pire score, mais ce n'étais pas le meilleur non plus. Conclusion : correct, mais sans plus. Je remis le flingue là où il devait se poser et je cherchai un autre jeu. Je vis au loin comme un signe du destin. Un nouveau jeu. Pokémon. J'étais une gamine dans l'âme, je le savais. Et tandis que je me dirigeais vers mon destin, quelqu'un s'assit sur le fauteuil. Il avait les cheveu verts. Je m'approchai discret et me plaçai derrière son épaule, pour voir ce qu'il allait faire. Le jeu démarra.
Le joueur n'étais pas mauvais, je dois l'avouer. Il gérait carrément, en fait. Au fil des minutes, je m'approchais du siège et je finis par me mettre debout à côté du fauteuil. Je regardais presque avec passion ce qui se passait sous mes yeux. Puis, sans que je ne l'aie voulu, un petit mot sortit de ma bouche.

Ouah, tu gères. Euh, pardon. J'voulais dire : vous gérez, m'sieur.