Assise sur l'une des chaises du Drink Time, elle regarde le ciel. La tête posée sur sa main, sa main elle-même posée sur la table, la jeune fille pensait. Elle se demandait comment était le monde extérieur avec lequel elle partage le même ciel. Elle rêvait de quitter les lieux pour aller vivre ailleurs. Elle aurait tout donné pour quitter Nakunaru. Mais la réalité la rattrape bien vite, elle sait très bien que c’est impossible. Mais elle avait bien le droit de rêver, non ? Elle portait d’ailleurs bien son prénom, « Musõ ka » voulant dire rêveur.

Elle soupire, et s’allonge sur la table en s’étirant, presque comme un chat. Puis elle reste immobile, la tête posée sur le côté, sur la table. Elle observe les passants, elle essaye de penser à quelque chose de plus gai qu’un rêve irréalisable. Puis dans sa tête, elle se moque de leurs tenues, de leur démarche, ou même des discutions de certains qu’elle arrive à entendre. Plongée dans ses observations, elle est surprise par Jules, son patron. Sa pause est finie, il faut qu’elle aille faire quelques courses car ils commencent à manquer de matériel. Ne pouvant dire non, elle note tout sur une feuille, et part. Elle n’avait pas pris la peine d’enlever son uniforme de serveuse, elle ne voulait pas perdre de temps. Elle trouvait la tenue de certains ridicule, mais au fond, elle était mal placée pour parler dans sa soubrette verte foncée, ses chaussettes montantes vertes, et ses ballerines. Mais elle ne voulait pas perdre de temps, elle était une exception.

Elle marche, elle pense, elle essaye de retenir la liste de courses marquée sur la feuille qu’elle froisse dans sa main, pour ne pas avoir à ressortir la feuille. Elle en oublie presque de regarder devant elle, et finit par rentrer dans quelqu’un, ou quelqu’un finit par lui rentrer dedans parce qu’elle ne s’était pas poussée. Peu importe. Tout comme l’individu qui finit par tomber, sûrement à cause des cartons qu’il portait, la jeune fille finit aussi au sol. Surprise par la collision, elle en avait perdu l’équilibre. La feuille qu’elle avait dans sa main finit par s’envoler un peu plus loin sans même qu’elle ne s’en rende compte. Toute son attention était portée sur le jeune homme qui venait de lui rentrer dedans. Elle en avait conclu que ça ne pouvait être que de la faute du jeune homme, vu qu’avec les cartons qu’il avait à ses côtés, il ne devait pas voir grand-chose de la route. — Imbécile — Elle aurait bien partagée sa pensée à voix haute, mais non, il avait pris la peine de s’excuser après tout. Elle se contente juste de le regarder, sans rien dire.

La seconde d’après, elle se relève rapidement, tapote sur sa jupe pour la dépoussiérer, et se rend compte qu’il lui manque quelque chose. Elle décolle son regard du jeune homme, lorsqu’elle comprend que c’est sa liste qui manque. Paniquée, elle cherche un peu au tour d’elle. Elle essaye aussi de se souvenir de ce qu’il y avait dessus, mais sous le coup de la panique, elle a tout oublié. Elle finit par retrouver la feuille, encore plus froissée qu’avant, mais à cause des pas des passants, le contenu y était illisible. Elle se retourne donc vers le jeune homme, et le fusille du regard. Mécontente, elle lui montre la feuille, et lui dit calmement :


Elle ne criait pas. Elle montrait un calme étonnant, un calme qu’elle seule savait montrer lors des disputes et autres. Pourtant, elle était énervée. C’était de sa faute. S’il faisait attention à ce qu’il faisait, il ne lui serait pas rentré dedans. Elle ne serait donc pas tombée, et n’aurait pas lâché cette fichue feuille. Elle savait très bien que c’était aussi un peu de la sienne, mais elle était en colère, ça ne lui viendra en tête que lorsqu’elle se sera calmée.

#6F7557

▬ Je... Je suis désolé, je ne voulais pas... ▬

Des excuses, et encore des excuses. S’excuser une fois suffisait, et de plus, ses excuses n’allaient rien changer à la situation actuelle. Pour elle, les excuses n’avaient aucune importance, tout comme les mots. Les mots pour elles n’ont aucune valeur, ce ne sont que les actes qui comptent. On peut très bien dire à quelqu’un qu’on l’aime, tout en le détestant. Elle s’en doutait qu’il ne voulait pas. Il n’avait juste pas été assez attentif, car bêtement il a voulu faire quelque chose de trop difficile pour lui, elle le comprenait. Mais malgré ça, elle ne dit rien. Elle leva simplement les yeux au ciel, soupira, et l’ignora totalement, elle n’avait pas la tête à lui répondre, ni à faire attention à lui. Il fallait absolument qu’elle se souvienne de ce qu’il y avait marqué sur cette feuille, il fallait qu’elle arrive à se calmer. Et vite, car elle n’avait pas beaucoup de temps. Mais impossible de se calmer, et de se concentrer. Il y avait trop de bruit au tour, trop de monde, et la présence du jeune homme derrière elle n’arrangeait pas les choses.


Elle lève un sourcil, et le regarde. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il lui demande ça, elle ne s’attendait même pas à ce qu’il lui demande quelque chose. De plus, ça question était assez étrange. Comme si le fait qu’elle lui dise si elle y pensait ou non allait changer quelque chose. Trouvant que lui répondre ne serait qu’une perte de temps, elle s’apprêta à se reposer son regard sur la feuille, mais le jeune homme l’interrompue dans son mouvement, ce qui fit que ses yeux revinrent automatiquement sur le jeune homme, comme si c’était un réflexe.


Elle soupire, et l’ignore en se concentrant sur la feuille. Elle n’allait tout de même pas le laisser utiliser son pouvoir sur elle, alors qu’il n’était même pas sûr que cela marche à 100% ! Elle ne voulait pas prendre de risques, surtout si à la place de réussir, il empirait la situation. Elle regarde de nouveau la feuille, et tente de se concentrer. Mais impossible. Elle en a presque les larmes aux yeux. Elle ne peut pas retourner au café demander qu’on lui écrive de nouveau la liste, elle en aurait trop honte. Elle qui ne voulait pas perdre de temps, la voilà dans de beaux draps. Perdue, elle ne savait plus quoi faire. Cela lui faisait mal de l’admettre, mais cet homme était sa dernière chance. Même si lui demander de l’aide aller horriblement blesser son ego, elle devait le faire. Elle le regarde de nouveau d’un regard sévère sans le vouloir, se mordant la lèvre, et en essuyant ses larmes.


Elle s’arrête une seconde, reprend du souffle, et continue :


Elle avait tout de même un peu honte. Elle allait demander de l’aide à un idiot. Mais elle n’avait plus le choix, elle était obligée.

#6F7557